TIMHY ▌viens joséphine dans ma machine qui vole, qui vole, s'envole comme une folle.. finit.

♣ Second part
Dix à vingt lignes sur une anecdote au choix de la vie de votre personnage.

tumblr.

Tout s'est passé si vite. Il y a à peine quelques secondes Marie chantonnait la dernière chanson de Bing Crosby, à l'arrière de la traction rafistolée et en mauvaise état de mon ami en faisant le folle tandis que Maximilien l'imitait au volant, et moi je riais aux éclats. Nous nous rendions à un des bals organisés dans le village à côté, ils m'avaient convaincus de venir avec eux pour une fois et malgré mes réticences, j'avais finis par céder à leurs yeux de cockers... Je n'aurais jamais dû, j'aurais dû rester sur mes positions et refuser d'y aller... Cette voiture ne nous aurait jamais percutés...

Je clignais des yeux, je ne comprenais pas ce qui se passait, j'entendis seulement Max criait le prénom de Marie et se précipitait vers elle. J'étais allongée au sol, la bouche ouverte, les yeux plissés en leur direction, une voix inconnue répétait qu'il ne nous avait pas vu, qu'il avait juste baissé les yeux pour attraper quelque chose et... et je ne sais quoi d'autre. Je vis la scène se repassait dans ma tête à une vitesse fulgurante, comment était est-ce possible ? Cela ne l'était pas, cela était un cauchemar, le sang qui avait giclé aussi, son corps qui ne bougeait plus, non... « Marie … » dis-je d'une voix si faible, mon cerveau c'était comme déconnecté, je n'entendais plus rien, je ne voulais pas croire que c'était réel, jusqu'à ce que la voix de Max me fit sursauter. « Faites quelque chose ! » Tel un zombi, je me relevais, ils se trouvaient à plusieurs mètres de moi, j'ignorais comment cette distance avait pu se faire. Mes mains se crispèrent l'une contre l'autre, un vieille manie, j'étais perdu, impuissant à tout. Et puis le cri désespéré de Max parvint à mes oreilles et tout d'un coup comme un coup de tonnerre dans ma tête, j'accourais vers eux, là où il essayait de la garder en vie. Elle était si faible, et elle saignait tellement, Max était accroupi, il lui répétait de garder les yeux ouverts, de tenir bon. De nouveau, j'étais plantée debout, mon regard fixant ses nombreuses blessures, je la voyais perdre énormément de sang, sa chemise blanche était maculée de sang. « Reste avec nous ma grande, tient, on va venir t’aider ...» Dans ma tête, tout était ralenti, puis j'entendis faiblement Max crier, il criait sur Marie, lui criant de rester en vie, qu'elle ne devait pas partir, et puis... plus rien. « NON, NON, NON, NE PART PAS, NON! OUVRE LES YEUX, OUVRE LES YEUX ! » A ce moment-là, je ne sentis plus mes jambes, je me laissais tomber à genoux au sol, à ses pieds, et là je vis tout clair, car pour l'instant j'étais là en tant que simple spectateur. Ce n'était plus le cas, je pris conscience de ce qui m'entourait, de tout. « Marie, non... non non non...» Les larmes commencèrent à rouler par dizaine sur mes joues, j'étais à genoux. Je lui pris la main, la serrant en espérant qu'elle se réveille et qu'elle me crie que je lui fais mal. Mais rien. Je la serrai contre moi aussi fort que je pu mais Max voulait m'en empêcher, il essayait de me faire reculer mais je repoussai son bras. « Lâche-moi! » Ma voix se fit plus agressive que je n'aurais voulu, mais je m'en foutais, tout ce qui comptais à cet instant, c'était elle. J'avais beau essayer de le secouer, de lui donner des petites tapes sur les joues, son corps restait inerte. Et puis, une horrible douleur m'arracha un cri.

« Il faut que je te dise quelque chose… » Sa voix mélodieuse me sortit de ma songerie dans laquelle j’étais plongée depuis plusieurs minutes, je planchais depuis déjà une heure sur comment je pourrais agencer le jardin botanique de Mr Shuester, il avait eu l'extrême obligeance de m'engager pour le projet. Projet incompris aux yeux des parents, évidemment « Je t’écoute » Je lui souris et en un tour de chaise à roulettes, j’attrapai sa taille délicieusement en forme avant de la poser délicatement sur mes genoux. Malgré la bouille sérieuse qu’elle affichait, ses lèvres rosées se tortillèrent amusamment -signe de sourire- et j’en profitais pour l’incliner afin de lui déposer un baiser dans le cou avant de ramener ses deux pupilles aux miennes. Pupilles qui semblaient vouloir éviter mon regard, elles papillonnaient le sol et pas une fois, son doux regard plongea dans le mien. « Je suis malade, une maladie du coeur... » « Quoi ? » J’eus un mouvement de recul, mon front se plissa de réflexe. Ma réaction fut instantanée, trop. Il ne lui fallut pas une seconde pour que ses pieds retouchèrent fermement le sol. « J’aurais du m’en douter… » Elle fit volte-face, prête à s’en aller sans rien ajouter, mais il en était hors de question ! Me relevant prestement, j’attrapai son bras et la ramenait contre moi, son corps tremblant contre le mien. Elle dans mes bras, tout ce que je voulais c'était la réconforter, lui prouver qu'elle avait bien fait de me le dire, que je l'aimais. Me décollant un peu d'elle, ma main vint se poser contre son menton et l'autre, caresser sa joue humidifiée par les larmes de ses yeux.

« Epouse-moi ! »
Ses grands yeux noirs embrumés s'écarquillèrent tandis que mes doigts vint s'entrelacer aux siens. La surprise se lisait sur ses traits fins et moi-même je devais ne pas en être loin. Rien n'était prémédité, à vrai dire, je n'y avais pas une fois songée, avec elle, mais cela m'apparu comme une évidence. Je l'aime, plus que tout, elle m'aime et il m'avait juste fallut un élément déclencheur pour m'en rendre compte « Que... » « Je t’aime, je veux que tu sois ma femme, pour toujours ! Et je m’en fous que cette foutue maladie soit là, je t’aimerai avec ou sans ! Bon après, le mauvais côté, tu vas devoir me supporter, et ça j’me doute que ça va pas être facile, déjà j’me demande comment tu fais aujourd’hui alors plus longtemps ! Et après il y a ma famille… J’t’en parle même pas ! Mon père va faire genre il me déshérite, de toute qu'est-ce que tu veux qu'il me lègue ? Sa collection de sabots ?! Haha. Et puis ma mère, elle, elle risque d'éclater en pseudo crise de larmes et puis.. » Mon monologue fut coupé court par son index qui se posa sur ma bouche pour la faire cesser de remuer. « Oui. »

Depuis déjà cinq mois déjà, je vis dans ce petit appartement, certes un peu miteux et délavé, avec Deirdre. Ce n’est pas le grand luxe, même pas le petit luxe à vrai dire, mais il me semble qu’elle se plait ainsi, enfin j’espère. Cela n’a pas été facile avec nos parents, la demande en mariage, ils ne l’ont pas très bien digéré, je me doutais qu’il réagirait excessivement mais à ce point-là, pas vraiment ! Enfaite, ils nous ont foutus tous les deux dehors. Ils pensaient quoi ? Que pour le bon petit plaisirs, on allait arrêter de se fréquenter pour céder à un mariage forcé avec des aristo’ ? Ils sont pauvres qu’ils assument. Je l’assume moi et je le vis très bien. Même si, au fond, j’aurais voulu lui offrir une meilleure vie… Des fois, je me surprends à souhaiter qu’elle rencontre quelqu’un d’important, un avocat peut-être, un baron du barreau, quelqu’un qui s’occupera d’elle comme une princesse, qui pourrait assurer les meilleurs soins pour son cœur malade. Ouais. Mais cela, elle ne le sait pas, et je crois que jamais je lui ferais part de mes craintes pour sa vie, je ne veux pas paraître inquiet, elle doit l’être suffisamment elle-même. Surtout depuis qu’elle a fait une crise il y a une semaine, la première à laquelle j’assiste. Alors qu’on s’apprêtait à sortir pour profiter de la délicate brise de la soirée, elle est tombée au sol en se pliant de douleur, elle était devenue si livide … On a passé la nuit à l’hôpital et heureusement ça c’était calmé le lendemain, elle allait déjà mieux. Elle avait même retrouvé le sourire. Elle était même décidée à finalement continuer à bosser alors que je lui avais proposé de faire une petite pause il y a peine deux heures. Une vrai tête de mule celle-là ! Mais bon, on a besoin d’argent, surtout pour les frais d’hôpital exorbitant ! En parlant de travail, même sans diplôme, j'ai pu m'en dégoter un, il m'offre un petit salaire mais les conditions de travail sont plutôt bonnes, j'ai pas à me plaindre. Dire que père m'avait carrément discrédité par rapport aux employeurs qui voulaient bien m'engager... Juste parce que Monsieur est un des principales fournisseurs de bois, n'importe quoi ! Et mère qui se contente de baisser les yeux au sol quand on m'apprend cela ! En tout cas, aujourd'hui je ne vis plus de leur manière, je ne suis plus le petit pantin que j'étais il y a quelques années ou celui qu'ils auraient voulu avoir, c'est finit.