« Papa et maman divorcent... Pour de vrai, cette fois. Wow. » Les mains dans les poches, l'homme de 26 ans que j'étais alors venait de rentrer dans la chambre de sa petite soeur, Paisley. Je m'appuyais contre le mur près de la porte, croisa les bras, et la regarda. Elle était allongée sur son lit, à lire un magazine pour jeunes filles. Elle me regarda à son tour et haussa les épaules, comme si tout ça lui était complètement indifférent.
« Pourquoi tu fais comme si tu t'en fichais ? Je sais que tu en souffres, j'ai vu ton visage quand ils l'ont annoncé à table... » Je m'approchais d'elle, m'essayant sur son lit. Elle s'assit correctement, et soupira.
« Je ne veux pas être triste. Ils sont déjà assez malheureux comme ça de se séparer, pas la peine d'en rajouter. »« Ils aimeraient savoir comment tu te sens à propos de tout ça... Tu sais, je ne sais pas s'ils sont aussi malheureux que tu le dis. Malgré tout, ils ont l'air de tenir l'un à l'autre, et je pense qu'ils resteront en bons termes. Peu importe avec qui tu restes, tu les verras presque autant l'un que l'autre. »« Justement, à propos de ça... » me susurra Paisley en se rapprochant un peu plus de moi.
« Je veux pas choisir, ça blesserait un des deux... Alors je me disais que je pourrais venir habiter chez toi. » J'étais septique. Je ne savais pas trop si je pourrais la supporter. Je l'aimais, c'était ma soeur. Mais une ado de 16 ans, ce n'est pas toujours facile à gérer. Mais en relevant la tête, je vis ses yeux briller. Je savais que ce divorce allait l'affecter, et qu'un peu de réconfort ne lui ferait pas de mal. Je soupirais, et la pris dans mes bras.
« D'accord... » dis-je en la serrant contre moi...
« Bonjour ! » Je baissais la tête, continuant d'avancer vers Isobel. Je me sentais mal comme jamais ça ne m'était arrivé. La voir sourire de cette façon, la voir si heureuse de me voir... Je me haïssait déjà. Quand elle s'approcha de moi pour m'embrasser, je reculais, pour lui faire comprendre que ça n'allait pas. Ca serait plus facile.
« Leyton... Qu'est-ce qui se passe ? » Tête baissé, je n'avais pas la force de l'affronter, pas la force de la quitter. Cet amour que j'avais pour elle était si fort. Mais je ne pouvais plus continuer comme ça. J'avais couché avec une autre, et je culpabilisais. J'aurai pu continuer à vivre avec, avec beaucoup de mal mais j'aurais pu. C'était sans compter sur le père d'Isobel, qui m'avait mit un ultimatum : soit je la quittais, sois il lui avouait tout. Je ne pouvais pas le laisser faire ça. Elle souffrirait trop. Je savais que son père ne m'avait jamais aimé, et il aurait trouvé d'autres raisons pour briser notre couple. Je ne supportais pas cette pression sur mes épaules, je devais toujours être parfait, ne pas faire le moindre faux pas... Alors j'avais décidé de la quitter. Ca me brisait le coeur, mais il le fallait, pour son bien, pour lui éviter de souffrir. Quand je relevais la tête, elle comprit ce qui allait se passer.
« Non... Non, dis-moi que c'est pas vrai, dis-moi que je rêve. Tu ne vas pas... »« C'est fini. » la coupais-je. Je vis les larmes remplirent ses yeux, et cette vision me brisa le coeur.
« Quoi ?! C'est pas possible. Leyton ! Pourquoi ? Pourquoi tu me fais ça ? On est heureux ensemble, je sais que tu m'aimes, qu'est-ce qui t'arrive ? »« Ecoute... On s'est bien amusés cette année, t'as été une bonne distraction. Mais c'est fini, je me suis lassé. » Je n'eus même pas le temps de reprendre mon souffle que la main d'Isobel atterrit sur mon visage. Portant ma main à ma joue, je fis une grimace. Elle m'avait pas loupé.
« Moi qui pensait que tu étais différent... Mais en fait, tu n'es qu'un connard, comme tous les autres. » Voir les larmes sur son visage d'ange me fit mal, très mal. Elle partit, et je ne me retournais pas pour la voir. J'avais assez mal comme ça, pas la peine de me torturer...
« Je vous offre un verre ? » M'approchant de la jolie brune que je dévisageais depuis une bonne demie-heure, je fis signe au serveur de lui servir la même chose qu'elle avait avant de finir son verre.
« Leyton James. » dis-je en me présentant, sûr de moi.
« Merci pour le verre. » me dit-elle en souriant, avant de se retourner vers la piste de danse. Je me reculais. Ca, c'était un vent. Je soupirais et redemanda une autre bière. Au bout d'un quart d'heure, je vis la jolie brune rejoindre la piste de danse avec ses copines. Je restais là à l'admirer, comme un crétin sans cervelle. C'est le serveur qui me sortit de mes pensées.
« Elle est canon, hein ? » Je lâchais un petit rictus, comme si cet adjectif n'était pas assez fort. Elle regarda dans ma direction, et je me sentis comme un gamin de 13 ans qui obtient un sourire de son premier amour. Je lui souris bêtement, et elle me sourit en retour. Le reste de la soirée, je le passais principalement à la regarder, avant d'oser l'aborder. Nous passâmes la soirée à discuter de tout et de rien. Je lui avouais que je faisais des études de droit, dans le but de devenir avocat, ce qui l'impressionna. Je la raccompagnais au parking, et près de sa voiture, après les salutations, je me penchais vers elle pour obtenir un baiser. Mais elle esquiva ma bouche juste avant que la sienne ne vienne se coller sur la mienne, pour me susurrer à l'oreille :
« A plus, "beau gosse". » Je lâchais un léger rire amusé, en pensant à tous les vents qu'elle m'avait mis depuis le début de la soirée. Mes tentatives pour savoir son nom, ou encore ses études avaient échouées. Elle se mordilla la lèvre inférieure, je la trouvais craquante. Elle rentra dans sa voiture, et elle démarra. Je soupirais, béat. Je rejoignis le bar, me disant que je n'avais aucun moyen de la contacter. Mais quand je revins au bar, le serveur me tendit un bout de papier.
« Tiens, c'est de la part de la belle brune. » En voyant le numéro de téléphone, je souris, complètement ignorant qu'elle allait devenir, plus tard, ma femme.
« On ne devrait pas faire ça. » dis-je entre deux baisers passionnés. Tout en montant les marches des escaliers pour accéder à ma chambre, je déshabillais Cherie lentement, tout en ayant du mal à décoller ma bouche de la sienne.
« Je sais... » souffla-t-elle avec beaucoup de mal. Lorsque nous arrivions à l'étage, je poussais la porte entrouverte de la chambre avec l'aide de mon pied. Je l'allongeais délicatement sur le lit, tout en l'embrassant dans le cou. C'était mal, mais tellement bon. Mais soudain, une porte de voiture claqua. Je me redressais d'un coup, et alla voir à la fenêtre.
« Eh merde ! » Je me retournais vers Cherie, paniqué.
« Rhabille-toi, vite. »« Chéri, tu es là ? »« Oui. » dis-je en descendant les escaliers pour l'éloigner de la chambre.
« Qu'est-ce que tu fais là ? »« Ils n'avaient plus besoin de moi au travail. » Je souris et l'embrassais pour sauver la façade. J'étais complètement paniqué, j'avais eu chaud. Cela prouvait que je ne pouvais plus coucher avec Cherie. Elle était la fille d'une ancienne amie à ma femme, et elle habitait chez nous. C'était mal.
« Bonjour. » La voix de Cherie raisonna. Elle aussi essayer de faire comme si de rien était. Nos regards se croisèrent, et je baissais la tête. J'étais fou d'elle, mais j'aimais ma femme. Jamais je n'avais été si perdu... Je la pris dans mes bras et l'embrassa sur le front, tout en regardant Cherie s'en aller dans la cuisine.